Compagnie de Théâtre Musical dirigée par Christophe Crapez et Alain Patiès


Qaraqorum

CRÉATION ATELIER LYRIQUE DE TOURCOING 
2, 3  ET  5 Mars 2017 

9 Mai 2017 au Théâtre  Paul Eluard de Choisy-le-Roi 

8 Juillet 2017 au festival Cordes en balade

 21 Décembre 2017 Théâtre 95, conventionné écriture contemporaine.

Musique et livret François-Bernard MÂCHE  
Mise en scène Alain PATIES 


d’après Guillaume de Rubrouck  
Voyage dans l’Empire mongol 


Scénographie Laure SATGÉ et Valentine DE GARIDEL
Costumes Gabrielle TROMELIN 
Vidéo Laure Satgé, Valentine de Garidel, Conception et réalisation
Marc Stef, chef opérateur ; Louise Bezombes, réalisatrice
Etienne Lesur, Chef électricien ; Jean-Didier Tiberghien, Technicien vidéo
Axel Auger, Chef machiniste ; Julien Bourhis Production
 


AVEC
Christophe CRAPEZ  Paul-Alexandre DUBOIS Xavier LEGASA
LE QUATUOR DEBUSSY
Violons Christophe COLLETTE, Marc VIEILLEFON Alto Vincent DEPRECQ Violoncelle Cédric CONCHON

Coproduction La Grande Fugue, le Quatuor Debussy,
L’Atelier Lyrique de Tourcoing, Abbaye de Noirlac - centre culturel de rencontre
Soutenu par la SPEDIDAM, ADAMI, Le Fond de Création Lyrique-Copie Privé, la Société littéraire de la poste, Le département du Val de Marne et l'Association Guillaume de Rubrouck

Commande d'état. 


PRE-LECTURES 
9 MAI 2016 - STUDIO RASPAIL, PARIS 14E 
22 MAI 2016 - NOIRLAC 





Critique du spectacle:

logo

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Qaraqorum est un projet de création scénique né de la rencontre entre les équipes artistiques de la Cie La Grande Fugue et le Quatuor Debussy. Il s’articule autour d’un travail passionnant entrepris par le compositeur François-Bernard Mâche qui s’est intéressé au voyage du franciscain Guillaume de Rubrouck en Mongolie en 1253 et ses réflexions sur la découverte de l’Autre.



Qaraqorum mêle théâtre, musique, histoire et philosophie : à travers le récit inspiré d’un compte rendu de mission pour Saint-Louis,
François-Bernard Mâche, compositeur de la partition et librettiste, traite la découverte de l’Autre différent par sa culture, sa religion, mais aussi et surtout de tolérance et d’ouverture. Guillaume de Rubrouck au cours de son voyage, décrit en effet sa rencontre avec de nombreux peuples aux langues, pratiques coutumes, musiques et croyances multiples et les bouleversements que cela entraîne en lui, écarté entre son espérance dans les Évangiles et la remise en question d’une Vérité qu’il pensait absolue.
Cette thématique entre particulièrement bien en résonnance avec le travail que mène la Cie de théâtre musical La Grande Fugue depuis sa création. Sa ligne artistique défend en effet des projets qui font écho aux problématiques traversées par la société d’aujourd’hui. Qaraqorum propose donc une réflexion sur les questions de tolérance (religieuse comme culturelle), de laïcité, sur la nécessaire confrontation de nos préjugés avec ce qu’est l’Autre.


Note de François-Bernard Mâche
 
Ce récit musical, nous fait apparemment voyager dans un monde doublement lointain : le XIIIème siècle et la Mongolie. Mais en réalité il nous invite à voir à travers le regard d’un franciscain surdoué la permanence de certains questionnements humains sous la multiplicité des coutumes et des langages.
    Ce sympathisant de l’Inquisition découvrait, stupéfait, dans un nouveau monde barbare autant de nouvelles pistes praticables pour les rapports humains: en particulier la relativité et la tolérance.
    Ce qui m’a intéressé dans cet ancien et très intelligent récit de voyage, c’est  d’y trouver quantité de thèmes encore d’actualité après plus de sept siècles : la découverte et le respect de l’autre, la coexistence des religions, le réexamen des bases mêmes de sa culture. Et, plutôt que de faire une réflexion seulement théorique, l’envie de rendre sensibles ces expériences en suggérant leur contenu sonore par une  musique du XXIème siècle. Celle-ci est un peu conçue comme les enluminures d’un manuscrit, parfois plus suggestives que le texte. Elle a en effet la charge de faire entendre la diversité des rencontres qui amènent Guillaume à ses découvertes sur les autres et sur lui-même, et elle doit en même temps provoquer le regard amusé ou complice que nous pouvons porter aujourd’hui sur ce précurseur de la mondialisation.
    La musique s’attache donc souvent à nous mettre en contact avec des langues inconnues et plus ou moins  intraduisibles, avec certaines valeurs esthétiques non moins étrangères, et avec les sensations étranges du voyageur dans un monde inconnu. L’oreille du héros, comme la nôtre, en est réduite à les déchiffrer comme des sortes de mélodies énigmatiques, mais chacune porteuse d’un style propre. J’ai sans cesse pensé simultanément le livret que je tirais de la lecture de Guillaume de Rubrouk et la musique qui devait faire partager toutes les émotions dont son texte est chargé.
    Le Moyen Âge est pour nous comme un de ces pays lointains que le missionnaire traverse jusqu’à la Mongolie, et il s’agissait d’en porter l’image à nos oreilles, mais sous une forme fantasmée et inauthentique, afin que son ironique fausseté nous rappelle ce qui échappe toujours à l’histoire humaine. Ainsi paradoxalement rapprochés de cet explorateur oublié nous éprouverons peut-être à notre tour la relativité de toute modernité, et cependant la force du désir de nouveauté. Prévert, dans le texte du film Les Enfants du Paradis, faisait dire à un vieil acteur :
 « la nouveauté ? Mais c’est vieux comme le monde, la nouveauté !… ». Paradoxale vérité propre à réconcilier les deux grandes orientations qu’ont prises les musiques savantes au cours des deux siècles qu’il nous a été donné de traverser : la table rase ou la réaction.
    Le choix d’un quatuor à cordes aux côtés de trois chanteurs-chantres, tous présents sur scène, incarne cette association très libre et historiquement injustifiée entre deux ressources humainement compatibles. Des sons enregistrés leur fournissent l’horizon changeant d’un ailleurs toujours lointain.
 
François-Bernard Mâche

Note de Alain Patiès
 
«
Là-bas dans les steppes immenses inondées de soleil, des tentes de nomades formaient des points noirs difficilement reconnaissables. Là-bas, c’était la liberté... Le temps était comme arrêté, comme si n’étaient pas encore révolus les siècles d’Abraham et de ses troupeaux … »
 F. Dostoïevski, Crime et Châtiment.

    Ce que le héros, Guillaume de Rubrouck, a découvert il y a 760 ans au cours de son long et périlleux voyage a un intérêt bien plus qu’historique et ethnographique. C’est une source de réflexions sur la découverte de l’Autre, des Autres, et les bouleversements qu’elle provoque en profondeur.

    Il découvre l’immensité de l’Asie, (près de 20 ans avant le voyage de Marco Polo jusqu’en Chine). Constate les erreurs des géographes, les malentendus culturels douloureux mais aussi cocasses à propos des coutumes, des langues, des musiques. Risque sa vie pour aller au contact d’une tyrannie orgueilleuse, qui pratique cependant une tolérance religieuse très insolite pour un homme qui vient d'une Europe où tout ce qui diverge des dogmes est hérésie et où le pouvoir est intimement lié à une foi unique.

    Après avoir parcouru presque 16000 kilomètres, traversant à cheval ou à pied de nombreux pays (Ukraine, Russie, Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Kazakhstan, Mongolie), il parvient à Qaraqorum, capitale de l’Empire Mongol, où la cour de Mangou Khan héberge de multiples nationalités ainsi que des chamanes, des bouddhistes, des musulmans, des chrétiens nestoriens, quelques manichéens, des shintoïstes, ... Tous semblent y vivre en bonne intelligence car la liberté de croyance est de rigueur. 
         
    Ce qui m’intéresse dans cette pièce de François-Bernard Mâche, c’est la possibilité qu’elle offre de se poser en miroir et de parvenir à nous faire réfléchir sur la condition et la place de l’autre aujourd'hui. C'est une œuvre profondément humaniste qui nous porte, tel Guillaume de Rubrouck, à repenser nos certitudes et à regarder avec bienveillance les différences qui constituent notre monde. Cet ouvrage permet de nous questionner sur la limite de notre idée de l'autre qui oscille, parfois, entre jugement et fascination devant la multitude des différences.

    Ce spectacle nous place face à de nouveaux modes de communication et d’échange, axés sur l’observation, la communication non verbale, comme lorsque nous voyageons dans un pays sans en comprendre la langue.
    L’ouvrage de François-Bernard Mâche fait alterner  évocations sonores des émotions des personnages avec  les  rencontres et anecdotes propres à cette odyssée . Je vais profiter de la situation pour accentuer et multiplier cette oscillation en créant un va-et-vient entre notre actualité et celle de Guillaume de Rubrouck. Entre ces deux sociétés, chacune à un tournant de leur histoire existent des similitudes troublantes.

    La scénographie participera activement à l'effet du voyage, au jeu des changements de paysages, de climats, d'ambiances. Une structure contemporaine, légère à géométrie variable, faites de bambous et de métal constituera à la fois la ligne d’horizon, de support aux projections et de castelet pour marionnettes.
    Nous alternerons des passages en vidéos (images d’archives et images d’actualités, animation), en ombres (marionnettes), en constructions éphémères propre à se modifier pour construire d'autres édifices.
Nous passerons du noir et blanc à la couleur, du dessin aux images animées. Parfois les images, seront actuelles, un peu comme si nous refaisions aujourd’hui ce voyage, traversant tant de pays, dont certains sont aujourd’hui inaccessibles car les conflits y règnent.
J’imagine également des textes projetés, sorte de prompteur ponctuant d’informations le déroulement du spectacle.
Le décor figurera notre chemin, symbole du long périple qui amène à soi-même et à l'autre.
    Des coffres orientaux serviront d’assises, et renfermeront les accessoires du voyage, les villes traversées, les yourtes et palais du Khan, en petit format, telles des maquettes rapportées de ces lointaines contrées.
    Un travail de transformation des costumes évoquera les métamorphoses du voyage, tantôt paysage grâce à des patchworks dessinant les routes, les cartes, fleuves et mers, tantôt révélateur de l’évolution des états et des pensées de nos personnages. Ces costumes seront fabriqués dans des tissus traditionnels mongols.
    Grâce aux multiples langages, aux corps, aux masques, aux marionnettes, aux chants, les acteurs joueront tous les personnages rencontrés aux étapes de ce périple.
        Nous accompagnerons Guillaume, assisterons à son changement, verrons ses convictions ébranlées. Apprenant que l’on pouvait vivre ensemble sans heurt, sans croire aux mêmes dieux, en aimant autrement, songeant « Pourquoi être venu jusqu’ici, si ce n’est pour faire la paix ? »
 
Alain Patiès

Un peu d’histoire

Gengis Khan était mort en 1227 ; l'Empire Mongol, bien que fractionné entre ses descendants, demeurait , de l'Ukraine à la Chine, une menace et une énigme pour le chrétienté.

    La vague envahissante venait de déferler jusqu'à Cracovie et aux portes de l'Italie. L’anxiété, pour ne pas dire l'effroi, était telle qu'a l'annonce de l'avancée mongole, les cloches de notre-Dame appelèrent les parisiens à se rassembler pour supplier le ciel de les épargner.

    Il fallait donc savoir qui ils étaient et ce qu'ils voulaient. A cette fin, la papauté et le plus grand roi d'occident , Saint-Louis, ont envoyés des missions d'informations. Le témoignage de ces missions, le plus étendu, le plus précis, le plus vivant et celle du franciscain Guillaume de Rubrouck, Il s'agit d'une longue lettre adressée à Saint-Louis.

    Guillaume de Rubrouck fut envoyé chez les mongols en 1253.
Le voyage sera plus long que prévu il durera 2 ans, et aaboutira à Qaraqorum, capitale de la Mongolie, en traversant de nombreuses contrées encore inconnues, découvrant des langues rares, ou des coutumes nouvelles. Ces observations ethnologiques, géographiques, sociétales sont une mine de richesses. La confrontation de Guillaume de Rubrouck avec d'autres religions que le christianisme nous offre un tableau passionnant de la cour de Mangou et de la diversité de croyance de l'empire, où chaque religion peut s'exercer librement. Outre le chamanisme et l'athéisme, Guillaume dénombre à Qaraqorum douze temples " d'idolâtres de diverses nations ", deux mosquées et une église. Il va ainsi croiser Boudhistes-taoistes, Musulmans, Juifs, Nestoriens, Hindouistes, Shintoïstes, ...

    Il est frappé par l'aspect cosmopolite de la cour du Khan : des peuplades venues de tout l'empire mongol s'y retrouvent pour commercer, dialoguer, échanger. Pendant deux mois, ils resteront près de l'empereur, cherchant à le convertir, sans succès. Pire, Mongou organise une controverse entre musulmans, bouddhistes, animistes et chrétiens, qui anéantit les derniers espoirs d'évangélisation de Guillaume de Rubrouck.

C'est sur cet échec que le moine franciscain prend le chemin du retour. Il n'aura pas réussi sa mission d'évangélisation, pas plus qu'il n'aura réussi à obtenir une alliance avec Mangou Khan.

Qaraqorum
Dans l'Ovörkhangaï, l'ancien site impérial de Qaraqorum est situé sur le versant des monts Khangaï. Utilisé en 1222 par Gengis Khan comme centre de ravitaillement pour ses armées, ce n'est que sous le règne de son fils, que la cité devint, pendant une trentaine d'années, la capitale de l'Empire. Aujourd'hui, il ne reste pratiquement rien de sa structure de l'époque, excepté quelques vestiges de statues monumentales et les soubassements du palais


Outre le travail scénique, de nombreuses actions de sensibilisations sont prévues, en lien avec cette production, notamment un travail poussé en direction des lycéens, (notre compagnie est en résidence territoriale dans deux lycées franciliens).
Nous envisageons un travail relié à la forme épistolaire, assortie d'une mise en musique de lettre écrites par les étudiants.
Des ateliers d'écritures, accompagnés de spécialistes du genre, occasionneront des rencontres et échanges avec écrivains et compositeurs d'aujourd'hui. Les commandes aux compositeurs auront pour ambition la mise en musique de ces courriers, ce qui occasionnera un autre spectacle représenté au studio Raspail.
Au programme les lettres écrites et composées dans le cadres des ateliers, ainsi que d'autres missives mises en musiques, mais issues d'un répertoire plus classique.
D'autres lycéens travailleront sur la conception et réalisation de décors et mobiliers du spectacle, d'autres s'initieront au chant, certains ont décidés de s'emparer de la communication du projet, d'autres préfèrent les voyages et vont gagner Tourcoing depuis Paris à vélo pour assister aux représentations.
(Un dossier est disponible relatant l'aspect pédagogique  de notre travail).



LE QUATUOR DEBUSSY 


25 ans d’existence : un quatuor de dimension internationale

Premier Grand Prix du concours international de quatuor à cordes d’Évian 1993, Victoire de la musique 1996 (« meilleure formation de musique de chambre »), le Quatuor Debussy jouit d’une reconnaissance professionnelle incontestable. Voilà déjà vingt-cinq ans que le Quatuor partage avec les publics du monde entier ses interprétations musicales sur les scènes les plus prestigieuses. Japon, Chine, États-Unis, Canada, Australie, Russie... ses tournées régulières lui ont permis de se faire un nom sur tous les continents. 


Une soif insatiable de rencontres
Parmi les valeurs et engagements du Quatuor Debussy, on retrouve la curiosité, la surprise, le renouvellement, la découverte et le partage. En créant des passerelles avec différents domaines artistiques comme la danse (Maguy Marin, Anne Teresa De Keersmaeker, Wayne Mac Gregor, Mourad Merzouki...), le théâtre (Philippe Delaigue, Richard Brunel, Jean Lacornerie...) ou encore les musiques actuelles (Olivier Mellano, Robert le Magni que, Franck Tortiller...) et le cirque (Cie Circa), le Quatuor Debussy défend la vision d’une musique « classique » ouverte, vivante et créative.
Ayant depuis longtemps choisi de mettre l’accent sur l’échange, le Quatuor Debussy anime en outre chaque année des ateliers pédagogiques en direction des enfants et s’inscrit dans des projets à destination de publics divers (personnes âgées, détenus, malades...). Il est également à l’initiative de concerts-rencontres pour tous a n de faire partager sa passion pour les musiques d’hier et d’aujourd’hui. 


Le Quatuor Debussy est conventionné par le Ministère de la Culture (DRAC Rhône-Alpes), la Région Rhône-Alpes et la Ville de Lyon. Il est soutenu par la SPEDIDAM, l’association musique nouvelle en liberté et la Banque Rhône-Alpes.
Le Quatuor Debussy est membre de la FEVIS (Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés) et du syndicat PROFEDIM. 







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